Pages

mercredi 8 février 2017

Fin




Cher internaute, tu auras remarqué mon silence depuis de longs mois.

C'est que je n'ai plus rien à dire. Et quand on a rien à dire, mieux vaut se taire.

Une vie personnelle un peu trop remplie pour me permettre d'entretenir ce blog ? Oui, certes. Sans aucun doute. Être mère, c'est pas de la tarte.
Un désamour croissant pour l'évolution de mon métier ? Oui, hélas, oui.

Je n'ai même pas atteint la quarantaine que je suis déjà un dinosaure pour les bibliothèques publiques.  Pourquoi ?

Je n'aime pas travailler avec les enfants.
Je n'aime pas faire les visites d'exposition pour les classes. 
Je n'aime pas organiser des jeux de piste. 
Je n'aime pas faire de la décoration ou des ateliers manuels.
Je n'aime pas jouer les gendarmes tous les mercredis après-midi, quand les meutes de mômes occupent la médiathèque, en figure libre, sans filet et sans aucun adulte responsable d'eux.

De plus, je ne suis pas animatrice culturelle. Il y en a. Ils adorent créer des événements, des happenings, mettre en valeur l'art et la création sous toutes leurs formes, attirer du monde avec du bruit et des petits fours. Ils font ça très bien. C'est leur métier, pas le mien. 

Le mien, c'est de faire de la médiation documentaire, de préférence pour les publics adultes. Tous les types, tous les supports de documents, numérique, papier, vidéo, audio. Tous les genres : documentaire, littéraire. De mettre les gens en relation avec les ressources dont ils ont envie ou besoin.

Ma définition du métier est datée ? Oui.
Je prends note. J'acquiesce. Je reconnais bien volontiers que ce n'est plus ce qu'on attend de nous.
Alors, je vais tenter de trouver un autre métier, pas dans une petite bibliothèque publique. Dès que je pourrais, que je trouverais, que j'en aurai les moyens, le temps.
Et surtout, je vais arrêter ce blog.


Les articles resteront accessibles, mais il n'y en aura plus d'autres.

A vous tous qui m'avez suivie, j'adresse mes sincères remerciements. Vous avez supporté ma mauvaise humeur, partagé mes sentiments ou mes réflexions, vous avez réagi, commenté. Vous m'avez critiquée, toujours intelligemment. Vous m'avez soutenue, très souvent. Merci mille fois.



A'rvi Pa.

mardi 21 juin 2016

Littératie numérique : les ados à l'épreuve



J'ai assisté aujourd'hui à une scène à la fois ubuesque de mon point de vue, et pourtant parfaitement courante, qui démontre à quel point nos ados sont ignorants de la technologie qui les entoure. Cette scène étant parfois carrément cocasse, je m'en vais donc vous la conter.

Aujourd'hui, Sarah (*) et ses copines débarquent à l'espace numérique. Sarah a 12 ans, elle a perdu sa carte de bibliothèque, on vient de la lui remplacer. Elle est rigolote et souriante. Elle a besoin d'un accès aux PC.
Pas de problème, mais il faut que j'enregistre sa nouvelle carte dans le système de gestion de l'EPN (oui, ce n'est pas automatique, c'est nul). Ça prend un peu de temps.
Elle veut créer un document et faire des impressions, mais elle a oublié ses cartes d'impression à la maison.
Vu que la maison ne fait pas de crédit d'impression, je lui propose d'enregistrer son document sur une clé USB.
Elle n'en a pas ; moi non plus.

Je lui dis de se connecter à sa boîte mail, en vue de lui expliquer le fonctionnement du Cloud (Google Drive, One Drive et consort).

Une de ses copines lui explique comment saisir un terme dans le moteur de recherche pour aller sur le site de son fournisseur de messagerie. Elle n'avait aucune idée de la façon d'y arriver...

[sourires en coin]

Au moment de se connecter, elle se rend compte qu'elle ne connait pas son mot de passe. Et pour cause, m'explique-t-elle, avec son smartphone, elle est connectée en permanence, et n'a jamais eu à rentrer son mot de passe qu'une seule fois.

[pouffements]

Après plusieurs tentatives infructueuses, elle se décide, sur mon conseil, à faire appel au service des mots de passe oubliés. Le système lui demande une adresse de secours. Elle n'en a pas.

[re-pouffements]

Le système passe à une autre question, et lui demande son numéro de téléphone. Hélas, le morceau de numéro qu'il indique fait prendre conscience à Sarah qu'elle a changé de numéro de téléphone depuis. Impossible de récupérer le code envoyé par SMS.

[ricanements]

Toujours sur mon conseil, elle décide d'indiquer l'adresse mail d'une de ses copines comme adresse de secours pour récupérer le code.
Sa copine va sur sa messagerie. Elle connait son mot de passe, elle !

[ça rigole sec]
 
Mais le système bloque la bonne samaritaine : elle se connecte depuis une adresse IP inhabituelle, alors il lui demande une adresse de messagerie de secours ou un numéro de portable pour sécuriser sa connexion. Elle n'a pas son portable sur elle (donc pas possible d'avoir le code) et n'a pas d'adresse de messagerie de secours.

[fou-rire en vue]

En désespoir de cause, sur mes conseils, Sarah ouvre une nouvelle adresse de messagerie, pour laquelle elle note cette fois son mot de passe. Ça lui prend un certain temps.

Le compte de messagerie est ouvert, Alléluia !
30 minutes ont passé depuis l'arrivée des filles.

A partir de là, je lui ouvre une page du Cloud associé à son compte. Je lui explique qu'il est lié à son nouveau compte de messagerie. Puis je lui ouvre un document texte, lui montre comment enregistrer le document sous son Cloud directement - je lui ai aussi montré comment le faire en ligne, mais elle n'est pas coutumière de l'interface.
Elle ne comprend pas le lien entre les deux, ni comment fonctionne l'accès au document qu'elle veut créer.
Je lui crée un petit schéma scénographique avec la souris du PC, son téléphone et sa carte de bibliothèque pour lui expliquer le principe du serveur accessible par connexion internet, de quelque lieu et appareil que ce soit. [oui, ça n'a pas l'air évident, comme ça, mais j'aurais pris des oranges, des pommes et des bananes, c'était tout aussi visuel].

Elle comprend. Elle s'extasie. Elle a vu la Lumière.
Elle va pouvoir se connecter à son document même depuis le Bled !

On a bien rigolé.

Mais je suis désespérée de voir à quel point les gosses n'ont rien compris. Et quand j'essayais de leur expliquer, Sarah me disait : « nan, mais madame, ch'ui nulle en techno. »
Ce qui signifie certainement une ou plusieurs choses :
  • j'explique de façon trop didactique, pas assez fun,
  • j'ai une tronche de prof,
  • ces filles associent déjà la techno au champs de compétence des garçons, ce qui a le don de m'agacer au plus haut point (oui, ceux qui n'auront pas encore remarqué que j'essaie de combattre le sexisme dès que je le rencontre ont quelques soucis d'acuité visuelle)
  • elle n'ont jamais, jamais été formées à l'informatique de base.
Bien qu'il soit certain que quelques unes des premières réponses soient justes (pour ce qui est de ma tronche... Bon. Pas de commentaires), je suis sûre que la dernière est malheureusement trop vraie.

Sarah ouvre des comptes sur le web comme on mange des petits pains au chocolat (ou des chocolatines, oui, je sais, c'est selon votre situation géographique), ou comme elle perd ses cartes de bibliothèque, et dont elle oublie aussi sec les mots de passe.

Sarah laisse des traces d'elle, de sa jeunesse et de son insouciance partout sur la toile.

Sarah ne sait pas que pour se protéger, elle doit éviter de donner trop de détails personnels lorsqu'elle ouvre un compte.

Sarah ne comprend pas ce qu'est un logiciel ni une application. Ni ce qu'est un document.

Sarah ne sait pas ce qu'est un serveur, ni à quoi ça sert.

Sarah visualise encore moins la relation entre les serveur et les clients, ne comprend pas qu'un client peut être indifféremment un PC, une tablette ou un smartphone.


Sarah incarne nos jeunes ados : des êtres ultra connectés, avec leurs smartphones ouverts en permanence sur Snapchat et consort, et qui n'ont pas le commencement d'une idée sur l'origine et le fonctionnement de ces applis.

Arthur C. Clake disait : « Toute technologie suffisamment avancée est indiscernable de la magie. »

Et bien, pour Sarah et ses amies, le numérique, c'est de la magie.



* j'ai bien entendu modifié le nom de la demoiselle

samedi 13 février 2016

Bibliothécaire, c'est fatiguant



Il y a des blagues qui courent sur le métier de bibliothécaire, comme quoi c'est cool et pas fatiguant. Bon, ceux qui l'ont exercé savent qu'il peut être physiquement fatiguant dès la première semaine, entre les kilos de documents à déplacer, les horaires décalés et l'accueil des usagers.
Mais ce que les "autres" (qui ne sont pas des aliens, non, juste les personnes qui n'exercent pas notre métier) savent encore moins, c'est que c'est un métier psychologiquement fatiguant.


Travailler en bibliothèque territoriale, c'est épuisant. C'est frustrant. C'est énervant. C'est déprimant. Pour les habitués de ce blog, ce discours n'a rien de nouveau. Je passe ici mon temps à râler. Mais aujourd'hui, je suis fatiguée.
Je suis revenue au travail il y a quelques temps, après plusieurs mois d'absence. Durant lesquels je n'ai pas été remplacée : mes collègues ont apprécié... Ils se sont débrouillé, il fallait bien. Depuis que je suis revenue, d'autres collègues ont dû s'arrêter, plusieurs en même temps, problèmes de santé divers et variés, toujours pour deux mois au minimum. Non remplacés eux aussi. On tourne à 60% de notre effectif depuis longtemps. On galère. On tient bon face au public, on fait de notre mieux, on camoufle les trous, les insuffisances, le manque de temps, de compétences. On est polyvalent, on fait dans le transversal, de vrais petits soldats de la mutualisation. Mais on fatigue. Tous.

Il ne faut pas que ça se voit, alors on doit proposer une programmation culturelle comme si de rien n'était. Les animations, il n'y a que ça de vrai, de tangible, de montrable, de comptabilisable pour pointer les actions d'un mandat électoral. Alors, cahin caha, on bricole des trucs à la dernière minute, en urgence, comme si la vie d'un patient en dépendait. Alors que la vie, l'avenir de nos concitoyens, se joue réellement dans les services les moins "vendeurs" : les ressources que nous proposons, et la médiation que nous faisons de ces ressources (l'accueil du grand public, les formations et les accueils de groupes, les créations ou animations de communautés d'intérêt réelles et virtuelles, et j'en passe). Alors on court pour faire ce qui se voit, des trucs avec des discours, des petits fours et de la pub dans la feuille de chou locale, alors qu'on devrait oeuvrer pour améliorer ce qui ne se voit pas depuis le haut mais que les usagers, nos égaux, nos partenaires dans la vraie vie, reconnaissent : la qualité et la constance de nos services.

Je sais, mon raisonnement est sujet à argumentation, à critique ; bien sûr, nous sommes au service de la collectivité, pas d'une espèce d'idéal auto-généré de ce que devrait être la fonction d'un bibliothécaire. Mais je suis fatiguée. Fatiguée que ma réalité quotidienne soit aux antipodes d'une gestion saine et rationnelle d'une bibliothèque.
Je ne vois pas ce que je pourrais apporter dans mon métier si je ne me sens jamais en phase avec les missions et les tâches qui me sont assignées. Serais-je de l'espèce dinosaurus bibliothecus ? J'espère que non, vu mon âge, mais je le crains parfois.
Je ne sais pas vraiment quoi faire de ma vie, mais j'ai envie d'arrêter d'exercer mon métier.

Il y a quelques mois, j'ai vu une bibliothécaire pour laquelle j'ai beaucoup de respect jeter l'éponge et partir du métier. Dans les dernières heures, une autre bibliothécaire respectée, bien connue des réseaux professionnels, a exprimé son ras-le-bol et son désir de faire de même.

Arrêter. Me reposer. Détourner mon regard de cette petite dame qui s'accroche aux livres pour s'accrocher à la vie, de cette gamine qui fait ses devoirs chez nous parce que c'est là seulement qu'elle peut les faire sérieusement, de ce bébé qui rit à la lecture d'une histoire, de ce père de famille qui a besoin de nous pour transmettre son goût de la lecture à ses garçons, de ce vieil homme qui cherche ses repères dans une société où il est arrivé en tant que réfugié... Détourner mon regard de tous ces gens auxquels je m'attache, jour à après jour, dont j'aime tant voir le sourire s'épanouir sur leur visage, lorsque je leur sors le bon livre, la bonne référence, ou juste la bonne blague pour égayer leur journée ? Sérieusement ? Comment puis-je faire une chose pareille sans perdre mon âme ?

Je ne sais pas.
La bibliothécaire n'a pas la réponse, n'en déplaise à Neil Gaiman.

mercredi 20 janvier 2016

Le Web, les communs et la politique : un dialogue de sourds

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/2e/World_wide_web.jpg
Source : Wikimedia

L'actualité numérique est pleine de surprises, ces derniers temps. C'est un peu comme le nombre de personnalités décédées depuis le début du mois de janvier : un véritable festival. Et c'est malheureusement tout aussi affligeant.
(Oui, bon, j'avoue être plus touchée par la mort de Michel Galabru que par celle de Pierre Boulez. Désolée. Mais rien n'arrive à la cheville de la tristesse que j'ai ressentie à l'annonce de la mort de Bertrand Calenge).


Interdiction des liens hypertextes


J'apprends aujourd'hui que des députés veulent proposer un amendement à la loi en cours de débat sur le numérique. A lire ici. Ils proposent d'interdire l'établissement des liens hypertexte « sauf autorisation des ayants droit des contenus vers lesquels ils pointent ».


Et donc, il y a des députés qui ne connaissent pas l'histoire d'Internet (ou, « de l'internet », pardon. Ils n'ont vraiment que ça à foutre au parlement....) et plus particulièrement de la naissance du World Wide Web. Ce sont les liens hypertextes qui ont créé le Web, demandez à Tim Berners-Lee
Donc, ce que veulent ces députés, c'est la fin du Web. Soit disant pour protéger les droits d'auteur. Pour imposer un droit voisin, surtout, et monnayer l'accès aux contenus. 
Bref, bye bye la toile mondiale, bonjour les murs.

Le ministère contre les communs de la connaissance


Ce sont les mêmes députés qui lisent la recommandation du ministère de la Culture et de la Communication pour ne surtout pas privilégier les communs, communiqué à lire in extenso sur le site de la Quadrature du net. 
Grosso modo, le ministère explique aux députés que la création d'un domaine commun informationnel est, je cite « inutile, dangereuse, et inopportune ». 
Alors même que ses missions sont, je cite toujours « de rendre accessibles au plus grand nombre les œuvres capitales de l'humanité ». (source)

Une petite info, cher ministère de la Culture : « le 30 avril 1993, le CERN a mis le logiciel du World Wide Web dans le domaine public. Puis il a émis la version suivante de l’application sous licence libre afin d’accélérer sa diffusion. En donnant libre accès au logiciel nécessaire pour faire fonctionner un serveur web, ainsi qu’au navigateur et à la bibliothèque de codes associés, il a permis à la Toile de se tisser. » (source)
L'incohérence, ça vous parle ? Comme le dit très bien Neil Jomunsi :

Droits d'auteurs et domaine public


Pour ceux qui n'auraient pas suivi le feuilleton, Olivier Ertzscheid, maître de conférence en sciences de l'information, qui tient un blog très intéressant, s'en prend plein la tête depuis plusieurs semaines par le fonds Anne-Frank parce qu'il promeut l'entrée (ou l'élévation, au choix) du journal d'Anne Frank dans le domaine public. 
Et oui, notre petite Anne, qui a ému plusieurs générations de lecteurs avec son blog d'époque, est morte il y a 70 ans dans un camp de concentration. 
Mais le fonds veut faire admettre que son père Otto est co-auteur de l'oeuvre, et que son entrée dans le domaine public doit donc attendre 70 ans après sa mort à lui. Soit dans 40 ans.
Et donc notre maître de Conf' s'est pris des lettres de mise en demeure dans la tête et ne reçoit aucun soutien officiel. Surtout pas du ministère. Mais heureusement, l'honneur du métier est sauf, il en a de l'ABF.


Clavier adapté au français


Ce même ministère qui veut inventer un clavier plus adapté à la langue française que l'Azerty, alors même que ce clavier adapté existe déjà. Il s'appelle le bépo. C'est Slate qui nous le rappelle
Ou comment gâcher nos impôts avec en voulant créer des trucs inutiles au lieu de favoriser la diffusion de ce qui existe déjà.


PNB, le droit de prêt en bibliothèque


L'immobilisme forcené du ministère en ce qui concerne le droit de prêt numérique en bibliothèque se résume ainsi : chères bibliothèques, demerden sie sich avec vos amis les éditeurs qui pompent les ressources publiques avec des conditions et des tarifs prohibitifs. PNB, ce n'est viable que pour les plus grosses bibliothèques. Qui sont aussi les plus rares sur le territoire français.
Ce positionnement est dénoncé par l'ABF dans un communiqué, auquel la ministre a répondu. J'en rigole encore (jaune).
Je considère que c'est un non-sens absolu de refuser de faire pour les livres numériques ce qui a été fait pour les livres imprimés, à savoir créer par la voie législative une exception au droit d'auteur pour permettre aux bibliothèques de faire leur travail.


Bref, tu l'auras compris, cher lecteur, je suis très remontée contre le ministère de la culture et de la communication, et contre nos députés qui ne comprennent rien aux enjeux du numérique - ou qui décident de ne pas s'en mêler, de peur de faire le jeu de la majorité.
Vive la courte vue, l'opportunisme et la non gouvernance. 
A quoi sert un gouvernement qui ne gouverne pas, mais se contente de choisir quel lobby économique favoriser ?

Bon, je retourne dans ma tanière, où je vais me terrer pendant quelques mois. Bon courage, les gens, on est gouverné par des incapables (et je suis polie, comme le dit si bien Olivier Ertzscheid).

samedi 20 juin 2015

Le beurre, l'argent du beurre et le cul de la crémière

Cher lecteur, aujourd'hui, je vais te parler d'un truc qui m'énerve grave. Mais grave.
Oui, c'est mon vilain défaut : je râle beaucoup en ces lieux.


Avec le congrès de l'ABF à Strasbourg la semaine dernière, où l'on parlait des bibliothèques en tension, quelques articles sont parus qui tirent la sonnette d'alarme : les collectivités commençant à manquer sérieusement de moyens, elles ont tendance à prendre les bibliothèques pour des fusibles. Je t'invite à lire cet article de Livres Hebdo, ainsi que cet article d'Archimag sur la question.
C'est une évidence : l'effet bénéfique de l'activité des bibliothèques sur un territoire est très long à évaluer, beaucoup, beaucoup plus long qu'une durée de mandat électoral. Pendant ce temps, les recettes publiques fluctuent très vite, et trop souvent vers le bas. Bref, les bibliothèques sont les boucs émissaires idéaux.

C'est un constat amer pour la lecture publique en France, mais tant qu'on n'a pas de solution, on essaie d'être pragmatique et de faire avec. Et donc, de redéfinir les objectifs en fonction des moyens. Si les moyens baissent, les objectifs diminuent. C'est mathématique.

Sauf que bizarrement, nous connaissons tous, nous bibliothécaires, des cas où la logique mathématique est mise en échec par la logique politique.

Aujourd'hui, ami lecteur, je vais donc te citer en exemple un cas concret qui, lorsque j'en ai pris connaissance, m'a mise hors de moi. Quand je dis que je suis atrabilaire...

En  2014, une petite bibliothèque perd un temps plein : une bibliothécaire part vers d'autres contrées, et la collectivité refuse de la remplacer, afin de faire des économies sur un budget en crise. Très difficile à avaler, vu que la bibliothécaire partie avait des compétences uniques dans l'équipe.
Mais soit. L'argent public ne pousse pas sous le sabot d'un cheval.
En 2015, une autre bibliothécaire du même établissement part 6 mois pour cause de maternité. Et oui, ces fichues bonnes femmes, hein... Quelle idée de faire des gosses et de ne pas être capable de les pondre en 2 semaines ! Bref, annonce faite de sa grossesse, l'équipe apprend qu'elle ne sera pas remplacée durant son absence. Un temps plein en moins sur la moitié de l'année. Elle aussi a des compétences importantes pour l'équipe. M'enfin, on s'en fout, hein, il y a des indispensables plein les cimetières.

Malgré tout, l'équipe, pleine de bonne volonté, a réfléchi depuis quelques temps à un problème de service public et propose un projet à la ville : ne plus fermer la bibliothèque durant l'été, afin de ne pas léser les habitants qui ne partent pas, avec en échange un aménagement horaire qui diminue le nombre de jours d'ouverture par semaine. 

Plusieurs objectifs parallèles sont en jeu :
- sur la totalité de la saison, le nombre d'heures d'ouverture au public augmente significativement et la bibliothèque propose une continuité dans le service public : deux objectifs orientés public
- la réduction du nombre de jours d'ouverture par semaine autorise l'ouverture de petits chantiers, jusqu'ici impossible, qui visent à améliorer la lisibilité des services de la bibliothèque auprès du public (reprise de signalétique, réorganisations spatiales, inventaires partiels, projets divers, etc.) : un objectif interne dont la finalité va au service public.
Cette réduction du nombre de jours offre également un moyen de faciliter la gestion des congés estivaux. Jusque là tous les agents prenaient leurs vacances pendant la fermeture de la bibliothèque (congés imposés), mais avec la nouvelle proposition, les 3 semaines obligatoires doivent désormais se tuiler harmonieusement sur toute la période estivale. D'où la nécessité d'alléger un peu les activités qui mobilisent beaucoup de personnel.
 
Cette proposition, je le répète, vient des bibliothécaires eux-mêmes. Des professionnels responsables et concernés, on peut le supposer, qui ont pensé à tout en fonction des moyens dont ils savent disposer.

Alors, attention, ami lecteur, sois bien attentif à la résolution de cette affaire : la collectivité accepte avec joie et empressement la proposition visant à ouvrir la bibliothèque tout l'été, avec mise en oeuvre immédiate.
Et refuse tout net "pour des raisons de service public" celle de diminuer le nombre de jours d'ouverture.
Mais elle ne s'arrête pas en si bon chemin : alors même que l'équipe souffre cet été d'un sous-effectif flagrant, elle exige des bibliothécaires que le seul jour où la bibliothèque est fermée au public, deux agents soient envoyés pour la première fois sur une nouvelle animation hors les murs, chaque semaine durant tout l'été. 
Non seulement l'objectif interne tombe à l'eau, mais le travail des bibliothécaires est alourdi par cette nouvelle mission. Sans contrepartie, hein, il n'y a pas d'embauche estivale.

Dis-moi, ami lecteur, où est la logique ? Moins de personnel, plus de services... Comment veux-tu que les bibliothécaires vivent bien cette situation ? Qu'ils se sentent soutenus, écoutés et encouragés dans leurs initiatives quand on les "remercie" de cette façon ? Est-il humainement possible de ne pas se sentir exploité, floué, et méprisé ? Pour parler cru, de ne pas être pris pour des cons, quand on voit les abysses qui se creusent entre les objectifs et les moyens ?

Moi, en tout cas, je crois que si j'étais à leur place, je jetterai l'éponge. Mais heureusement, je ne suis un exemple pour personne...

Les bibliothèques en tension ? Oui, et pas loin de l'explosion. Il n'y a qu'à voir le nombre de bibliothèques qui se mettent en grève depuis quelques temps. C'est la première fois depuis longtemps qu'une telle vague se produit. A la lumière du petit exemple que je viens de donner, encore loin de situations tellement plus dramatiques ailleurs, il ne faut pas s'en étonner.

Je te renvoie, ami lecteur, vers ce manifeste que l'ABF a mis en ligne tout récemment et qui explique une fois encore à quel point il est important de ne pas laisser tomber les bibliothèques -  et les bibliothécaires. Il rappelle, entre autres que « Diminuer les effectifs c’est réduire les services rendus à la population » et que « La qualité des services rendus est notamment conditionnée par l’emploi de personnels qualifiés.»

A bon entendeur, salut.


mercredi 1 avril 2015

A quoi peuvent bien servir les collections dans les bibliothèques territoriales du 21e siècle ?


https://interpretelsf.files.wordpress.com/2013/06/couteau-suisse-multifonction-victorinox-ranger.jpg
Les missions des bibliothèques du XXIe siècle ont considérablement évolué. 

De nos jours, une bibliothèque municipale ou intercommunale n'est plus une épicerie à livres, dans laquelle on entre, on se sert et on repart. C'est un lieu de rencontres, de services et d'échanges (oui, il y a des toilettes pour faire pipi, mais pas seulement).

Je vais citer - une nouvelle fois - Anne-Gaëlle Gaudion, bibliothécaire de la région parisienne, qui postait récemment le message suivant sur un réseau social à propos de ce que devaient être ces missions : 
« ... (ne plus être des bibliothèques de prêt, mais des bibliothèques de loisirs et/ou des bibliothèques inclusives, tout en intégrant la dimension numérique). Je rencontre malheureusement trop souvent des bibliothécaires qui ne veulent pas qu'on touche à leurs collections imprimées alors qu'une minorité les consultent et les empruntent ... »
Source : Facebook
 
Je suis en grande partie d'accord avec cette assertion. Les collections en bibliothèque territoriale n'ont pas à être conservées ad vitam æternam pour le seul principe de leur existence. Ne serait-ce que parce que d'autres bibliothèques se chargent de la conservation (la Bibliothèque Nationale de France, ses Pôles associés et les bibliothèques patrimoniales).

Et même, pour aller plus loin, voyons donc cette citation tirée d'un forum bien connu :


« Est-il suffisant pour un musée, une bibliothèque ou un centre d'archives de posséder une collection importante de documents ou d'objets d'art pour atteindre le public le plus large ? »


En réponse à cette question, Bernard Majour, contributeur bien connu d'Agorabib et commentateur émérite sur un certain nombre de blogs professionnels, répond :
 
« Ce n'est pas la collection importante de documents ou d'objets qu'il faut prendre en compte, mais la qualité de l'équipe en charge de cette collection. »  
Source : Agorabib



Une réponse que j'approuve absolument. Je l'ai assez répété ici ou : c'est le bibliothécaire qui fait la qualité du service, pas le contenu de la bibliothèque.

Mais dans ce cas, à quoi cela peut-il bien servir de continuer à prendre soin des collections dans une bibliothèque aujourd'hui ?

Dans un article précédent, en commentaires, j'ai dit à un·e internaute que l'important n'était pas forcément la quantité de documents que nous mettions à disposition des usagers, mais leur pertinence. Pour une raison toute simple : la quantité ne dépend pas de nous, puisque nous ne sommes pas les bailleurs de fond (quoi qu'on en aie, mais c'est un autre sujet...). En revanche, la pertinence est entièrement de notre ressort.

La collection, c'est un outil, pas une finalité. Cet outil sert à rendre des services aux usagers. C'est un outil parmi d'autres, qui aide le bibliothécaire à effectuer ses missions.

La collection étant un outil, elle nécessite de l'entretien. Comme une voiture ou une presse à injecter. Notre rôle est d'en prendre soin. L'affûter, pour la rendre plus tranchante. La rénover, toujours. La gratter et la polir pour enlever la rouille et faire en sorte qu'elle revienne moins vite. Augmenter son efficience en la rendant aussi multifonction que possible. Bref, nous devons nous en occuper, car un outil rouillé, ébréché et vieillot ne sert plus à personne. Et devient, pour le coup, bon à jeter.

Je prends la peine de préciser cela car la tendance lourde des bibliothèques territoriales aujourd'hui est de passer la majeure partie de son temps de travail sur les autres missions : programmation culturelle, co-construction de projets, accueils et intervention auprès des groupes spécifiques, services diversifiés aux publics durant les heures d'ouverture, qui sont toujours plus étendues (qui n'a pas entendu parler de l'amendement d'Aurélie Filipetti sur l'ouverture des bibliothèques le dimanche introduit dans la loi Macron ?). Cette tendance répond à une nécessité, aucun doute là dessus.

Mais ce que je déplore, moi, c'est que le temps passé à travailler sur les collections s'est tellement réduit dans les équipes de bibliothécaires que lesdites collections finissent par devenir en grande partie inutiles, car inutilisées, faute de pertinence et d'adaptation aux besoins réels des publics. 
Alors même que les outils de gestion de collection, nos fameux SIGB, sont de plus en plus performants et nous permettent de faire des miracles difficiles à réaliser il y a encore dix ans.

Je considère que cette propension à l'inutilité ne provient pas de la nature des supports, qu'ils soient papiers ou numériques, et encore moins du désintérêt supposé des lecteurs pour les fonds d'une bibliothèque.
Le lecteur est intéressé par ce qui lui parle, ce qui lui est utile. Si la médiathèque lui propose des services qui entrent dans cette catégorie, quel que soit le support de médiation du service, il sera intéressé. Le tout est de lui proposer une ressource pertinente, qui réponde rapidement et exactement à ses attentes, exprimées ou non.
Si on met dans les mains d'un môme qui cherche des infos sur l'histoire des mathématiques un livre, ouvert au chapitre qui parle de cela, il passera par dessus sa répulsion instinctive du support papier* pour lire le contenu, parce qu'il contient la réponse à sa question.

Bref, on pourrait se dire que je sors tout droit des années 1970 ou 1980, à donner l'impression de m'orienter collections plutôt que publics. En tout cas, je sais que c'est ainsi que je suis perçue par mes supérieurs hiérarchiques, pourtant plus âgés que moi (oui, je suis la plus jeune de mon équipe). Pourtant, j'ai beau m'interroger sur mes pratiques, je n'ai pas la sensation d'être à côté de la plaque, parce que quand je m'occupe de mes collections - enfin, quand j'ai le temps - , je pense d'abord et avant tout à mon public, réel et potentiel.

Alors, dis moi, cher lecteur, qu'en penses-tu ? Suis-je, ou ne suis-je pas [à côté de la plaque] ?




* ne riez pas, j'ai rencontré ce cas récemment chez une collégienne qui a presque sursauté d'horreur à l'idée d'ouvrir un livre en papier pour ses recherches. D'ailleurs, un collègue a tiré profit de cette anecdote pour écrire un article très intéressant sur la recherche d'informations validées sur Internet.

mardi 3 mars 2015

Pauvre petite bête égarée







« Je trouve un peu fort de Clooney qu'on essaie de me faire entendre que le nom donné par mes parents à ma naissance n'aura été qu'un provisoire pis-aller en attendant que la pauvre petite bête égarée se soit trouvée un maître affectueux. »
Source : http://blog.francetvinfo.fr/ladies-and-gentlemen/2012/12/20/je-nai-pas-de-nom-de-jeune-fille-jai-un-nom-et-puis-cest-tout.html
Je salue bien bas cette petite phrase de l'auteure du blog Ladies and Gentlemen. Je n'aurais pu faire mieux.


Aujourd'hui, nous allons donc parler des noms de famille.

La grande majorité des gens ignore totalement un fait simple : le nom que nos parents nous donnent à notre naissance reste notre nom toute notre vie.
Que nous décidions de nous marier, ou pas.
Que nous soyons une femme ou un homme.
Que nous épousions une femme ou un homme.

La loi française sur les noms de famille indique que le nom de naissance est le nom légal de tout individu, et qu'il est possible de porter en sus un nom d'usage, en cas de mariage. Ce nom d'usage peut être notre nom associé à celui du conjoint, ou être celui du conjoint seul. Et ce, dans tous les cas de figure, que l'on soit de sexe mâle ou femelle.
Mon ami le site ServicePublic.fr indique clairement la chose : « Après le mariage, chaque époux a la possibilité d'utiliser le nom de l'autre. Cette utilisation d'un nom d'usage est totalement facultative et n'a aucun caractère automatique. »

C'est simplissime, n'est-ce pas ? 
Mais alors, dites-moi, comment se fait-il qu'une fois sur une - dans le meilleur des cas, neuf fois sur dix - les gens m'appellent par le nom de mon époux ?
Comment se fait-il que 90% des femmes que je connais considèrent que changer leur nom au mariage est une évidence, une chose qui va de soi ?
Comment se fait-il que lorsqu’on les interroge sur le pourquoi de cette habitude – en admettant qu’elles se soient posé la question et qu’elles sachent que c’est une habitude et non une obligation -, elles répondent avec ferveur que c’est une preuve d'amour pour leur époux ?...
... Si cette assertion reflétait la vérité, on pourrait sans conteste affirmer que presque tous les hommes n'aiment pas leurs épouses, puisqu'ils ne portent pas leurs noms. Un peu « fort de Clooney », n'est-ce pas ?
Alors, bon sang, pourquoi ?


Et bien, je vais vous dire pourquoi (comme disait l'autre) : parce que la société française est basée légalement, historiquement et socialement sur le code civil de Napoléon, pondu au début du 19e siècle. Et que ce code civil, tout révolutionnaire qu'il fût dans d'autres domaines juridiques, était d'un sexisme confondant.
La femme, dans le code napoléonien était une mineure légale en toute circonstance (sauf en cas de veuvage...) et restait sous la tutelle juridique de son père, son frère ou son mari toute sa vie. Elle n'avait aucun droit sur ses biens propres, qui passaient des mains de sa famille à celles de son époux, et ne pouvait rien accomplir sans l'aval de son tuteur légal.
Jusqu’aux années 1970, grosso modo, une femme ne pouvait pas travailler sans l’autorisation expresse de son époux, et si elle le faisait, elle ne pouvait ouvrir de compte en banque ni gérer l’argent qu’elle gagnait sans cette même autorisation.
D’où ce changement de nom au mariage : puisqu’une femme n’était jamais majeure aux yeux de la loi, elle devenait, si ce n’est la propriété (ne poussons pas…), du moins la pupille de l’homme qu’elle épousait.


Continuer à remplacer son nom de naissance par le nom de son mari aujourd’hui, sans y réfléchir ne serait-ce que quelques minutes, est à mes yeux une perpétuation incompréhensible de cette aliénation.

Je connais deux couples mariés dans lequel les deux époux portent les deux noms. Et sur les deux couples, l'un est homosexuel (merci de montrer la voie !). Je connais un seul autre couple marié semblable au mien, où les époux portent chacun leur nom respectif. Mais ces exemples restent encore trop rares, alors que c'est cette variété de situations qui devrait être la norme, et non le port systématique du nom du père pour tous les membres d'une même famille.

Je connais une femme, une seule, qui a réfléchi avant de porter le nom de son époux en nom d’usage. Elle avait une raison de le faire, qui n’appartient qu’à elle et ne regarde personne,  mais elle avait une raison. Une seule femme sur toutes celles que je connais…


Quand mes interlocuteurs apprennent donc que mon nom est le mien (ô stupéfaction !), il se passe des choses intéressantes :
1.      Ils demandent : « ah ? Vous n’êtes pas mariée ? »... Accablé En général, si le sujet est entré dans la conversation, c'est qu'il y a forcément un moment où j'ai précisé que je ne portais pas le nom de mon mari... De plus, je porte une alliance. D’accord, ça ne veut rien dire dans l’absolu, mais c’est tout de même explicite (surtout que je ne porte rien d’autre aux doigts). Je ne vais quand même pas me balader avec un extrait d’acte de mariage toute la sainte journée.... J’ai expérimenté pendant plusieurs années le fait de me voir nommée Mademoiselle dans les courriers et ordonnances d’un médecin qui n’a jamais voulu entendre que j’étais mariée sans changer de nom. La mention Madame n’est apparue dans ses écrits qu’avec la disparition officielle du Mademoiselle.

2.      Ils s’exclament : « Pourquoi ne voulez-vous pas prendre le nom de votre mari ? ». Ce à quoi je réponds invariablement : « Pourquoi ne demandez-vous pas à mon mari pourquoi il n’a pas pris mon nom ? ». Ce qui a le mérite de clouer le bec à une partie d’entre eux. Si ça intéresse quelqu’un, mon mari ne l’a pas fait parce qu’il ne voyait pas pourquoi il porterait un autre nom que le sien. Comme c’est étonnant, mon argument est le même ! Mais quand il s’agit de lui, tout le monde trouve cela normal. Quand il s'agit de moi... Mon propre père a été choqué d'apprendre que je continuerai à porter mon nom. Bon, quand je lui ai demandé si cela ne lui faisait pas plaisir que je perpétue le sien, il n'a plus rien dit... (Gniark gniark !).

3.      Ils conseillent, tout fiers de leur supposée modernité : « Vous pourriez porter les deux noms. » Certes, je pourrais. Mon mari le pourrait aussi. Il ne le fait pas… Moi non plus.


J'ai une anecdote personnelle qui date d'il y a quelques semaines à peine. Je présente à l'entrée d'un hôpital pour mon inscription, trois papiers : ma carte vitale, ma carte de mutuelle et ma carte d'identité. Mon nom est indiqué sur les trois papiers, et sur l'un d'eux seulement est mentionné, en sus et à titre d'information, le nom de mon mari. Devinez sous quel nom j'ai été enregistrée à l'hôpital ?
...
Oui. Celui de mon mari.

Alors qu'on ne vienne pas me dire que je reviens à de vieilles badernes et que le sujet n'a plus lieu d'être. Je suis la première surprise de la nécessité de revenir sans cesse dessus.
J'existe socialement, politiquement, économiquement par moi-même. Je suis responsable de mes actes, et je les assume.
Oh, je vois d'ici les détracteurs : tu n'aimes pas les hommes et tu penses pouvoir vivre sans eux, Bouille, espèce de sexiste misandre. Ben, non, en fait, j'aime les hommes. Beaucoup même. J'aime travailler avec eux, déjà, plus qu'avec les femmes. Et puis je les aime pour d'autres raisons, dont certaines n'ont pas à être évoquées en ce lieu public... Et je ne pense pas pouvoir vivre sans l'autre moitié de l'humanité.
Vivre sous la coupe de l'autre sexe, c'est cauchemardesque. Vivre sans lui, c'est épouvantable. Vivre avec lui, c'est la plus belle chose qui existe.


Chaque homme et chaque femme est libre de faire comme bon lui semble. La seule condition que j’y mettrais, c’est de se donner la peine de réfléchir à la question. Quelle image veut-on donner à nos proches, à nos enfants ? Que veut-on transmettre aux générations qui viennent ?

Alors, cher lectrice, cher lecteur, s'il te plaît, si toi ou un de tes proches décide de se marier, réfléchis - y. Pense à ta place et à celle de l'autre dans notre société, à l'image que tu donnes de toi et de ton genre au reste du monde. Et prends ta décision en connaissance de cause... et de conséquence.